mercredi 20 février 2008

Nos péripéties Chiloesques...(du 8 au 11 février)

Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas Charlotte qui va vous raconter notre épisode Chiloesque (et pour une fois, je vais être plus bavard…). En tant que responsable technique du camping car, je fut en effet très directement concerné par notre escapade sur l’île de Chiloé.

Chiloé est assez connue pour avoir gardé grâce à son insularité une certaine particularité culturelle. Elle se situe au sud du Chili. Assez connue aussi, ce dont bizarrement ses habitants s’enorgueillissent, pour ses 300 jours de pluie par an. Accessoirement assez connue pour ses églises, aux toits en bois, classées à l’Unesco.

Après 10 jours de soleil radieux et d’un été austral retrouvé après notre départ de Patagonie, nous arrivons donc à Chiloé sous une belle pluie battante.
Les paysages, les champs, la pluie, les villages, une sorte de condensé de Bretagne, pas très dépaysant pour des amoureux de cette belle région que nous sommes. D’autant plus qu’après avoir pris le bateau avec un Ardéchois tout heureux de voir une plaque Drômoise, nous bivouaquons notre premier soir dans un petit village de 300 habitants accueillant ce soir là 3 camping cars français (dont nous). A notre arrivée nous étions quand même bien surpris de voir en stationnement à l’entrée du dit village deux autres campings cars français et ses sympathiques occupants.

Bref un dépaysement bien relatif. Le lendemain direction la belle ville de Castro, son église, son marché Mapuche (indien essentiellement Patagon que l’on ne trouve qu’au Chili, il n’y en a plus aucun en Argentine), ses maisons sur pilotis.

Puis dans le village de Dalcahue, nous tombons nez à nez, ou plutôt capucine contre capucine (seul les camping caristes comprendront) avec nos compatriotes basques François et Armelle. Déjà croisés au Brésil, en Patagonie et avant Chiloé, nous les avions justement perdu à notre arrivée sur l’île à cause d’un rendez-vous manqué ; soit dit en passant manqué uniquement par ma faute, ceux qui ont déjà eu rendez-vous avec moi comprendront.
Nous décidons alors d’aller bivouaquer ensemble à quelques kilomètres de là, dans un petit village, près d’une des très nombreuses églises de l’île.

Après un petit ripio, la piste pour rejoindre le dit village commence à ressembler à une sorte de descente de piste noire alpine (sans exagérer) (quoiqu’un peu). A la vitesse de 2 km/heure, cette remuante descente se passe assez tranquillement, lorsque Charlotte a la sagesse de poser une question simple « euh ça va passer pour remonter ? ». Effectivement et incontestablement, nous ne remonterons jamais par cette piste avec nos engins, sauf si comme l’a dit François une fois arrivé en bas « à moins qu’ils construisent une autre route bitumée pendant la nuit ».
Grand soulagement après un stress tout relatif (sous ces latitudes le stress étant moins fort), oui le villageois qui nous a fièrement accueilli nous confirme l’existence d’un autre chemin pour remonter cette satanée cote…

Après une nouvelle et très sympathique soirée en compagnie de nos amis, nous nous réveillons le lendemain plein d’enthousiasme.

Après enquête il fallait récupérer une autre piste mais, détail important, il fallait auparavant rouler quelques centaines de mètres sur la plage. Je suivais donc François et son Mercedes. Et là, l’excès de confiance, grisé de le voir rouler aussi facilement, je ne pris aucune précaution à la traversée d’une micro-rivière, et paf l’enlisement. Pas l’enlisement du dimanche, non l’enlisement avec un grand L. Après avoir creusé, dégagé les roues, mis des troncs d’arbre (j’exagère un peu, ce n’était que des planches), nous n’arrivons toujours pas à nous dégager lorsque la perspicacité de Charlotte me cloue sur place, « et au fait c’est à quelle heure la marée haute ??? ». Un gentil villageois nous rassure, il nous reste bien 3 heures…

L’affaire s’engageait d’autant plus mal que tout le village nous vint en aide (5 personnes) et que les perspectives étaient limitées. L’inquiétude commençait juste à nous gagner lorsque surgit de nulle part, un magnifique 4X4 blanc immaculé. Sans rien nous dire un homme sortit, avec tout le matériel (un câble) et (en marche arrière) nous sortit en un rien de temps de ce mauvais pas. Oui les 4X4 de ville sont utiles, oui ils sont puissants, oui je comprends maintenant à quoi servaient tous ces 4X4 que je voyais à Levallois…
Bref je ne remercierai jamais assez ce chevalier blanc, parti aussi vite qu’il n’est arrivé, qui nous a sorti d’une bien mauvaise passe. Charlotte commençait juste à nous imaginer en train de sortir nos affaires d’un camping car inondé et à s’installer ici pour quelques mois.

Après avoir mis 4 heures à récupérer cette maudite piste, nous nous engageons dans une pénible montée pleine de bosses et de pierres, montée si pénible que là où le Mercedes à propulsion passa, la traction Citroën ne passa pas.
Je pars donc (accompagné de François merci encore) à la recherche d’un tracteur, et aidé par un de ces décidément sympathiques villageois, qui doivent encore rire en pensant à nous !
Bref l’agriculteur en question m’accueille à bras ouvert, un puissant « pagar pagar » précédant son « hola » de bienvenu. Comme si je n’avais pas compris son fils me lança fièrement « money money », oui pas de problème je veux bien payer si vous me sortez de ce mauvais pas.

Je ne pensais pas que ça serait aussi facile (Charlotte nous imaginait en train de vendre des crêpes dans ce charmant mais maudit village) mais le tracteur nous tira de là encore plus rapidement que le chevalier blanc. Nous étions très soulagés et très impatients de repartir. L’insistance un peu lourde de l’agriculteur pour le dédommager un peu plus à chaque billet donné ne gâcha pas mon plaisir et surtout notre envie de revenir sur la terre ferme. Loin des marées bretonnes, de ses églises, de ses plages et de ses villages…A nous Valparaiso.

lundi 11 février 2008

La région des Lacs : du Parc National Los Alerces (Argentine) à Puerto Montt (Chili) du 27 janvier au 7 février 2008

Après 5 jours de piste sur la Carretera Austral, nous arrivons au sud de la région des lacs qui se partage entre l’Argentine et le Chili. Comme son nom l’indique, ici les lacs se suivent (et se ressemblent…) par dizaine. Première approche : le Parc National Los Alerces. L’Alerce est un arbre gigantesque que l’on ne trouve qu’ici, on dit qu’il ressemble au séquoia américain. C’est très beau mais…. nous n’avions plus l’habitude des hordes de touristes. Et ici, c’est la pleine saison, un peu notre mois d’août à nous, les Argentins sont en vacances et la région des lacs c’est un peu leur côte d’Azur…Dur de retrouver la civilisation après quelques mois de solitude !

Nous arrivons à El Bolson, petite bourgade de la région, nous passons 2 jours dans un camping bourrés d’argentins en vacances....Ca sent les asados de partout (barbecues), ça parle, ça grouille, le rythme des Argentins est très « tranquille », un peu à l’espagnol (voire plus), on mange très tard et le matin, le réveil est tardif…ça nous convient pas trop mal en fait.
C’est l’occasion pour nous de tout remettre à neuf : grand ménage du camping car qui a été envahi par la poussière, grande lessive (ici on trouve de partout des « lavandarias » où le linge est lavé et plié pour pas grand-chose, très pratique), et passage du camping car au garage pour une grande révision.

Nous passons rapidement à Bariloche, la « capitale » de la région, station de ski très célèbre d’Amérique du Sud, juste le temps d’acheter un peu de chocolat, la spécialité locale (la ville a été crée par des Suisses) et nous partons faire la fameuse (en Argentine) « Route des 7 lacs », un parcours de 100 km sillonnant…8 lacs.
Antoine est le plus heureux de tous : il peut s’adonner, dans chacun de ces lacs, à ses jeux favoris du moment à savoir son seau et son petit arrosoir.

Puis retour au Chili : cette fois-ci on devrait y rester au moins 3 semaines, les parents d’Alex qui nous rendent visite très bientôt arrivant à Santiago le 28 février.
Ici, les paysages sont différents. Il y a beaucoup de volcans et de sources thermales naturelles. La vedette revenant au volcan Osorno, le plus célèbre de tous, avec une forme conique et sa couleur blanche immaculée, bref un bien beau volcan. Nous rencontrons à nouveau par hasard nos compatriotes François et Armelle, et décidons de prendre la route pour l’île de Chiloé ensemble…

mardi 5 février 2008

Hasta Luego Patagonia...

Voilà presque 5 mois (on fêtera nos 5 mois de vadrouille le 14 février) que nous sommes partis, 20 000 km parcourus de Buenos Aires à Rio, de Rio à Iguaçu, d’Iguaçu à la Péninsule Valdez, de Valdez à Ushuaia, d’Ushuaia au Parc des Glaciers… Que de belles étapes! Et nous savourons de plus en plus notre choix de mode de transport qui nous donne une certaine liberté, et nous permet de dormir presque toujours où on veut tout en étant comme à la maison (ou presque, il manque juste une douche chaude et quelques dizaines de mètres carrés)…

Nous sommes en ce moment près de Bariloche dans la région des lacs et nous tournons une page de notre voyage : nous quittons la Patagonie après presque 2 mois passés dans cette belle région qui se partage entre l’Argentine et le Chili, avec un petit pincement au cœur. D’autant plus que c’est en Patagonie que nous avons fêté notre Noël de voyageurs avec une petite partie de la famille.
Nous l’avons arpenté du Nord au Sud et d’Est en Ouest sur près de 5000 km…Et nous pouvons maintenant dire que nous la connaissons mais surtout que nous l’aimons bien.

La Patagonie pour nous restera synonyme de :

- Immensité : des grands, très (très très) grands espaces, des horizons à n’en plus finir, des routes et des lignes droites interminables, des nuages impressionnants (oui), des ciels magnifiques, des estancias (les fermes Patagonnes) aussi grande que la Belgique (ou presque), des couchers de soleil hallucinants aux lumières qui n’auront jamais lassé Alexandre… La Routa Nationale 3 qui longe la côté Atlantique n’aura plus de secret pour nous, nous sommes arrivés avec une certaine fierté au bout de cette route qui se termine en Terre de Feu, à 3000 km de Buenos Aires !


- Contraste : entre la côte Atlantique, sa pampa, plate, sauvage et quelquefois monotone et la Patagonie Andine, douce, parfois verdoyante, glaciaire aux neiges éternelles…entre les glaciers et les forêts luxuriantes, entre la steppe patagonienne et les prairies chiliennes, entre la « tristesse » des villes désolées, perdues aux rues pas toujours bitumées et certaines villes nouvelles dynamiques limite ruée vers l’or (le touriste)…entre l’essence moins chère qu’ailleurs et les pompes spéciales étrangers au tarif très discriminatoire…

- Merveilleux bivouacs : si au Brésil, par sécurité, nous allions souvent dans des campings, ici nous avons fait presque exclusivement du camping sauvage. Et, il n’y a que l’embarras du choix ! On se sent souvent seul au monde face à des paysages grandioses. C’est là qu’on profite à fond de notre roulotte… Et on s’habitue à cette sensation d’isolement, le retour à la « civilisation » va être dur…

- Nature et d’animaux par milliers : si les villes sont rares et souvent éloignées les unes des autres, nous avons croisé de nombreux animaux : pingouins, lions de mer, éléphants de mer, baleines, cormorans, guanacos, flamants roses, nandous, tatous, renards…et des rencontres avec eux toujours en pleine nature. Sans oublier bien sûr les troupeaux de moutons (la spécialité régionale), de vaches… perdus dans la steppe patogonne.

- 4 saisons : nous avons parcouru cette région durant l’été austral mais pendant ces quelques semaines, nous avons connus tous les temps possibles, de la chaleur, de la pluie, de la neige, du froid…mais une constante : du vent, toujours du vent, quand il s’arrête c’est pour mieux revenir quelques jours plus tard…Et on finit par s’y habituer.

- « Ripio » : Beaucoup de routes ne sont pas bitumées et en très mauvais état…des trous, des bosses, des cailloux, bref tout ce qu’un camping car n’aime pas…et nous non plus… On n’aura jamais autant vu de 4 x 4 qu’ici (sauf à Paris)… Antoine sait maintenant bien les reconnaître et nous signale d’un « quaqua » chacun de leur passage !
Mais nous garderons par exemple un merveilleux souvenir de notre passage sur la Carretera Austral, route réputée difficile, mais o combien …